Monday, October 11, 2010

Le Palais municipal de Delmas

Récemment érigé, le Palais municipal de Delmas est un superbe édifice public. Cette municipalité est enfin dotée de son propre local. Spacieuse et captivante, cette imposante construction issue d'un mélange d'architecture moderne et antique, quasiment achevée, occupe un terrain de près de 18 000 m². Cette oeuvre exclusivement financée avec l'argent des contribuables permettra sans doute à cette institution d'améliorer les difficiles conditions de son fonctionnement et de mieux servir la communauté.





Haïti: Financé exclusivement avec les fonds des contribuables de la commune de Delmas, ce bâtiment de deux étages, adapté aux multiples besoins de la municipalité a toutes les apparences d'un véritable palais moderne. Un détail important : le conseil municipal l'a occupé dans la terrible soirée du mardi 12 janvier 2010, qui a dû le transformer en hôpital à ciel ouvert pour accueillir les victimes du tremblement de terre. Auparavant, c'était une mairie sans domicile fixe. Rude rappel au passé pour le visiteur qui croirait naïvement que les réalisations magnifiques sont exclusivement une question de gloire et de politique.

Débutés en 2007 dans des conditions exécrables à partir d'une construction inachevée, qui appartenait à Me Emmanuel D. Klersaint, les travaux d'agrandissement des routes et des terrains et les travaux d'aménagement et de finition se sont échelonnés sans désemparer sur trois exercices fiscaux. L'entreprise était risquée. D'habitude, les initiatives de ce type donnaient lieu à des interventions de l'administration centrale, en la personne d'un ministre tout-puissant ou du chef de l'État lui-même.

Placé au coeur de la commune, le Palais municipal est pourvu de tous les services, avec, entre autres, une grande salle de conférence et d'une cafétéria. Une trentaine de salles dont les bureaux des maires, les bureaux administratifs et financiers, le secrétariat, le service juridique, la comptabilité, le centre technologique, y sont aménagés avec soin et élégance. Tout est soigneusement fait. Quant à la vue, elle a de quoi séduire.



Avec une cour complètement adoquinée, bornée de brique rouge, comportant trois parking et des jardins gazonnés, l'immeuble est un bel exemple de réussite et de ténacité. Contrairement aux autres mairies (du département de l'Ouest), engluées dans l'inertie et la crasse, Delmas remet en question l'image désuète qui s'imposait depuis toujours. Que les initiatives du maire de Port-au-Prince n'aient pas abouti, que les deux grands projets de Lydie Parent à Pétion-Ville (le complexe culturel et la gare routière) soient restés au cimetière, que la commune de Carrefour soit toujours engorgée dans la boue, rien de tout cela ne laisse les contribuables indifférents. Ornées par des centaines d'arbres, en majeure partie des palmistes, l'espace offre un cadre agréable et apaisant où règne le calme. Il est entouré d'un mur de clôture fait avec des pierres décoratives.

La prise en compte du contexte urbain et du voisinage immédiat de cette nouvelle construction fait partie des préoccupations des conseillers municipaux. En faisant ressortir leur intérêt croissant pour la modernisation de leur hôtel de ville, mais aussi pour le rôle de l'architecture dans l'aménagement urbain, ils laissent là un héritage exaltant. Quel panache ! C'était le voeu de toute l'équipe qui a travaillé à la réalisation de ce projet afin de doter la municipalité d'infrastructures nécessaires lui permettant de répondre avec efficacité et dignité à sa fonction administrative. C'était toujours le rêve du conseil municipal de disposer de son propre local et de l'aménager selon ses besoins fonctionnels. Guidés par une vision patriotique de leur mission, les conseillers municipaux se réjouissent que ce projet longtemps caressé soit devenu une réalité palpable, digne d'une commune compacte et bouillonnante comme Delmas. Fini le temps des sales bondées et surchauffées aux allures de cachot.

Une visite au Palais municipal nous a permis de découvrir les fastes de l'architecture : grand escalier, paillets en or et argentés, salles aérées et parterre en porcelaine où s'est inscrit sur les blasons et les armoiries avec une légende « une ville, une vision ». L'idée de construire ce Palais municipal est pour le dynamique édile de Delmas Wilson Jeudy une réponse à son homologue de la République dominicaine qui possède un joli Palais qui l'a ébloui lors de son passage à Saint-Domingue. Mais nul ne sait encore si cet effort remarquable sera suivi par d'autres mairies. Une discipline de fer et une ferme volonté sont nécessaires à cet égard. On ne saurait mieux dire que l'organisation et le sens du bien commun sont des outils indispensables de lutte contre la défaitisme et l'impuissance.

Avec son amphithéâtre en construction, les activités culturelles, sociales mondaines trouveront un lieu idéal pour les concerts, les festivals, les spectacles en tous genres. Cet édifice, destiné à l'usage de la population de Delmas et les autres communes de la région métropolitaine, est fait pour accueillir les grandes manifestations artistiques et officielles de la capitale, notamment les nombreuses activités publiques.


Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84415&PubDate=2010-10-08

Election security in Haiti



As Haiti's presidential elections approach, riot police are being given extra training because of security concerns. But not everyone agrees that's the right tactic. Al Jazeera's Sebastian Walker reports from Port-au-Prince.

L'artisanat pour s'affranchir de la culture de la charité

Les grands rendez-vous culturels ne sont pas restés sous les décombres; le tremblement de terre du 12 janvier n'a pas occasionné la démission de nos artisans. « Ane sa a atizan yo travay rèd - Cette année, les artisans ont travaillé durement ». Les organisateurs de Artisanat en Fête, l'Institut de Recherche et de Promotion de l'Art haïtien (IRPAH) et Le Nouvelliste n'auraient pas trouvé mieux comme slogan fédérateur d'énergie autour de cet événement.

Haïti: Après Livres en Folie qui a mobilisé la grande foule, le jour de la fête Dieu, Artisanat en Fête passe le cap de la quatrième édition. Pendant deux jours, les 16 et 17 octobre 2010, le Parc historique de la Canne à Sucre à Tabarre accueille deux cents artisans environ, des artisans qui n'ont pas baissé les bras et qui donnent espoir à Haïti. Ce sont des gens qui travaillent avec leurs mains, autrement dit, mettent la main à la pâte pour transformer les matériaux en oeuvres utilitaires.

Remarquons que beaucoup d'artisans, hormis ceux qui ont une renommée locale et internationale, sont des gens du peuple qui triment afin de faire oeuvre qui vaille. Artisanat en Fête permettra à chacun d'ouvrir son marché, de saisir l'occasion d'agrandir sa clientèle. Et, avouons-le, plusieurs artisans tableront sur cette fête de l'artisanat pour envoyer leurs enfants à l'école. La récolte de ces rudes travailleurs ne découlera pas de la charité internationale, mais sera le fruit de leur sueur. Ils restent chez eux et travaillent entre pairs, seuls ou en famille, ces hommes et ces femmes qui donnent un sens à la production nationale. On les verra au Parc historique de la Canne à Sucre, paysage familier à ces braves gens.





Innovation à Artisanat en Fête

Cette année, Artisanat en Fête innove. Les artisans travailleront à chaud sous leur tente. On les verra ciseler le métal, sculpter la pierre, peindre sur le bois, sur le tissu, sur le verre, etc. Chaque artisan, de son côté, permettra au visiteur de découvrir le monde dans lequel il évolue. Autant d'artisans, autant de mondes : métal découpé, peinture et applique sur tissu, pierre taillée, sculpture sur bois et en bois, sculpture métallique, bois peint, jouets en bois, banéco, vannerie, tissage en pite, filigraphie, objets perlés, pailletés, décoratifs, bijoux en bois, en corne, en cuir, lingerie, ustensiles de cuisine en bois, ornements, céramique, hard board, photographie, etc.





Un sens à la production nationale

« Le secteur de l'artisanat est un marché et mérite le regard de l'Etat haïtien », a fait observer la présidente de l'IRPAH, Martine Blanchard, lors d'un point de presse, la semaine dernière, à Pétion-Ville. Regard juste, quand on considère tout le travail fournit par ces hommes et femmes qui donnent un sens au mot production nationale, cantonné au rang de slogan.

Il y a beaucoup d'artisans à travers le pays qui survivent de l'artisanat. Un appui significatif de l'État à ce secteur rendrait énormément service au pays et, par la même occasion, plusieurs problèmes inhérents à ce secteur se résoudraient dans le développement de ce marché.

Le marché n'est-il pas, dans une certaine mesure, générateur d'intérêts matériels et de bien-être ? A l'inverse, si rien n'est fait, ils n'iront pas loin. Les palabres, les belles promesses prononcées la main sur le coeur ne contribueront pas à faire avancer la cause des artisans.

Dans un pays où tout s'écroule, cette armée d'artisans résiste dans une République dominée par une économie de l'humanitaire alimentée par les organisations non gouvernementales (ONG). Les artisans misent sur leur capacité de produire et sont à la recherche des marchés pour écouler leurs oeuvres. Ce sont de telles démarches économiques rationnelles qui sont la locomotive d'un peuple aspiré à sortir de la pauvreté, de l'indigence et de la culture de la charité.




Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84432&PubDate=2010-10-08

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