Monday, September 6, 2010

Une autre ère pour Belladère





Les institutions étatiques logeront dans un complexe administratif à Belladères. Cette ville frontalière bâtie par Dumarsais Estimé est fière d'être enfin dotée d'un complexe administratif qui lui permettra de mieux gérer l'ensemble des services de l'Etat dont ceux des douanes. De cette fierté surgit une préoccupation : quels bénéfices tirera la commune des recettes recueillies par les services locaux ?



Haïti: Lancés en février 2008 en présence de Maxime Bernier, ministre canadien des Affaires étrangères d'alors, les travaux de construction du complexe administratif frontalier de Belladères ont pris fin cette année. Cette oeuvre financée par le Canada à hauteur de 1.5 million de dollars canadiens, a reçu mercredi la visite de plusieurs personnalités dont le sous-ministre des affaires étrangères Morris Rosenberg et le secrétaire d'État haïtien aux Finances Sylvain Lafalaise.

Les services de la douane, de l'immigration et de la Banque centrale sont logés dans un édifice central tandis que d'autres pavillons sont placés sur le site pour héberger un sous-commissariat de police, des bureaux pour la brigade des mineurs, l'Office national de la migration et l'Institut du Bien-être social et de la Recherche ainsi qu'un dortoir pour loger les Haïtiens rapatriés de l'autre côté de la frontière.

« Grâce à ce complexe, il nous est offert la possibilité de mieux contrôler les activités socioéconomiques de la frontière », se réjouit Lucner Emile, le maire de Belladère. Car, explique-t-il, les va-et-vient qui se font à la frontière haïtiano-dominicaine profitent plus aux Dominicains qu'aux Haïtiens en raison des disparités infrastructurelles existant entre les deux peuples.

Avec une aire de circulation bien dégagée et des bâtiments adaptés aux besoins, le complexe administratif fait honneur aux tenants du projet ainsi que la fierté des Belladèrois. Morris Rosenberg est sorti satisfait de cette réalisation qui, selon lui, est un jalon important dans les efforts du gouvernement haïtien vers le renforcement de sa présence sur la ligne frontalière. Il s'est dit encouragé par la ténacité et le dévouement des Haïtiens pour se relever de leur marasme.

Pour Sylvain Lafalaise, les infrastructures d'État se modernisent à Belladère en vue d'offrir des services de qualité dans la zone frontalière au niveau du département du Centre. Le secrétaire d'État aux Finances estime que cette réalisation garantira une certaine symbiose des institutions étatiques. Celle-ci témoigne également d'une grande importance stratégique pour l'économie, le fisc, la sécurité et le fonctionnement de la frontière en général.

Des contingents de la Minustah ont apporté leur participation à ce projet initié par le Fonds de développement frontalier (FDF) dirigé par Max Antoine II, qui voit dans ce complexe administratif l'accomplissement d'un grand rêve qu'il faut répliquer sur toute la ligne frontalière s'étendant sur 3 450 km.

Directeur du FDF, M. Antoine explique que l'objectif de tels projets est de régulariser les activités de la zone frontalière et « relever l'image de marque du pays à sa frontière ». Du coup, il pense à la reconsidération du complexe administratif de Malpasse aujourd'hui sous les eaux.

Max Antoine II demeure convaincu que le FDF - la commission présidentielle qu'il dirige - parviendra à relever ces défis colossaux.

Quant à l'accès à ce coin paradisiaque d'Haïti, il s'améliore de plus en plus. La construction des 43 kilomètres de route reliant Croix-des-Bouquets/Mirebalais en est un exemple. Des études ont déjà été effectuées pour les travaux qui doivent être entrepris sur la route Lascahobas/Belladère. Le tronçon Mirebalais/Lascahobas est en bonne condition.

Il reste au FDF la construction d'un marché sur le site du complexe frontalier. Ce volet du projet non encore implémenté est de l'ordre de 600 000 dollars américains. « La construction de ce marché permettra de mieux régulariser les activités commerciales à la frontière au niveau informel », précise Max Antoine II.

De tout ce projet, Lucner Emile, quant à lui, a une seule préoccupation. Les recettes douanières collectées dans sa commune, continueront-elles d'alimenter le fisc haïtien sans aucune retombée positive pour Belladère ?



Lima Soirélus
Lsoirelus@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83160&PubDate=2010-09-03

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